L’église Sainte-Croix de Marson


Église, parfaitement intégrée dans le site, avec des proportions harmonieuses et beaucoup de charme, et qui se présente à nous dans son état quasi initial. L’abreuvoir a été créé au milieu du 19e s. sur une partie de l’ancien cimetière. L’église avec ses vitraux et ses statues est classée à l’ISMH (Inventaire supplémentaire des monuments historiques)



Chapelle paroissiale édifiée dans la seconde moitié du 12e siècle par Geoffroy de la Grézille qui fit approuver son œuvre en 1170 par Geoffroy la Mouche, évêque d’Angers (charte du 10 février 1170 donnant droit de baptême, mariage et sépulture, ce qui est très rare pour un chapelle qui était sous « tutelle »). Elle faisait sans doute partie du domaine seigneurial à l’origine mais n’a jamais été chapelle castrale. Elle dépendait canoniquement de la paroisse matrice de Chétigné et dédiée à Sainte Catherine puis à la Sainte Croix en 1579 lors de son érection en succursale.

De style romano-gothique typique de cette époque de transition entre roman et gothique (c’est également vers cette époque que débute la construction des églises Saint-Pierre et Saint-Nicolas de Saumur) mais l’édifice reste cependant d’esprit roman et classé comme tel.

Elle a la forme d’une croix latine orientée aux bras très courts et probablement construite en trois phases : nef au 12e s. puis transept et chœur au 13e s. aux voûtes de style « premier Plantagenêt », les deux croisillons étant de dimensions et de factures différentes. La construction est en appareillage réglé et les contreforts extérieurs sont tous de type roman. Noter la moulure en accolade plate au dessus de la petite porte d’entrée du transept.

Clocher mur dont le gâble surmonte deux baies jumelles destinées au logement des cloches. Seule subsiste celle de 1868 (fonderie Guillaume à Angers) et les précédentes datant de 1715 et de 1773. La petite cloche de 1715 a certainement été fondue à la Révolution (comme près de 100.000 autres cloches en France)

Ogival à l’extérieur, avec une archivolte à nervure cylindrique et tores en dents de scie (ornement typique du 12e s.), mais comporte un arc roman à l’intérieur. L’archivolte est surmontée d’un écusson fortement dégradé mais dans lequel on peut néanmoins y distinguer l’emblème des compagnons (le compas et la règle). Il est précédé d’une galerie extérieure ou « caquetoire » (probablement du 15e s. et sans doute d’inspiration champenoise), avec ses banquettes de pierre pouvant servir aussi d’abri aux pèlerins de passage.

De style roman, à l’exception de la baie sud qui a du être agrandie au 15e siècle avec ajout d’un remplage trilobé et vitrail historié du 19e. Face au portail, côté parc du château, une porte obturée, sans doute la porte des morts. A gauche, les fonts baptismaux sont en pierre de calcaire dur et un petit escalier de pierre très raide surmonté d’une échelle permettant d’accéder au clocher pour « battre » (faire carillonner) la cloche lors des baptêmes et mariages. Les baies sont fortement ébrasées afin d’augmenter l’éclairement.

Les voûtes des deux bras du transept sont également en forme d’arceau à deux croisées d’ogives de facture différente. Par contre l’arc doubleau et les deux arcs formerets situés à la croisée du transept sont plein cintre. Au-dessus de l’arc ouvrant sur le chœur, un Christ en croix datant aussi du 18e. Le 15 août 1762 la voûte de la croisée du transept s’effondra. Elle ne sera pas reconstruite mais remplacée en 1764, aux frais du curé de « Chétigné et Marson », le Royer de Chantepie, par une charpente plutôt grossière.

Dédiée à la Vierge (statue 18e de belle facture de la Vierge à l’enfant), avec, curieusement, une toute petite baie romane. Chapelle sud dédiée à Sainte Catherine d’Alexandrie (statue peinte 18e plus naïve représentée avec la roue, attribut de son martyr), l’autel étant probablement l’autel primitif de l’église comme le précise le desservant de l’époque, et grande baie trilobée avec un vitrage typiquement 16e.

Voûté en arceau à deux croisées d’ogives avec nervures prismatiques et chevet plat, il est éclairé par deux petites baies latérales plein cintre (la baie sud ayant été obturée lors de l’ajout d’une sacristie en 1766) et une grande baie trilobée à meneau central avec deux vitraux historiés de 1886 (Atelier Clamens et Bodereau – Angers) représentant une Vierge couronnée tenant une croix et une Descente de croix. La clé de voûte portait encore au 19e s. le blason de la fa-mille de Quatrebarbes (écusson bordé portant une bande ornée de deux cotices), seigneurs de Marson de 1481 à 1536.

Maître autel à parements de marbre de 1765, typique de cette époque et semblable à celui de l’église Saint-Sulpice de Rou datant de 1751. Il existait également une sacristie accolée à la façade sud du chœur, construite en 1766 au frais du vicaire desservant R. Moreau. De médiocre qualité, elle sera démolie lors de la restauration de l’église en 1985 pour lui redonner son aspect primitif mais sans réouverture de la baie obturée.

Le curé de Chétigné ne célébrant plus l’office en mémoire des seigneurs fondateurs, Jacques Duboys, alors seigneur de Marson, le traduisit devant le tribunal ecclésiastique début 1579. Fin 1579, il obtiendra gain de cause ainsi que l’érection de la chapelle en succursale désormais dédiée à la Sainte Croix et la désignation à demeure d’un vicaire et d’un chapelain de Sainte Catherine.

Durant la première moitié du 18e siècle (de 1704 à 1744), les relations vont devenir difficiles entre le curé de Chétigné et ses vicaires qui veulent s’affranchir de sa tutelle en s’attribuant soit le titre de « curé » soit celui de « recteur ». En 1715, le vicaire Abel Valette ayant fait fondre une cloche, le curé de Chétigné obtient de l’évêque que soit effacé le titre de « curé » qu’il y avait fait inscrire. La même année, les habitants de Riou, qui dépendaient alors directement de Chétigné, appuyant en cela les revendications du vicaire, demandent leur rattachement à la paroisse de Marson, ce qu’ils n’obtiendront en fait qu’à la Révolution avec la création de la commune et paroisse de Riou-Marson.
Restaurations – Gros œuvre (maçonnerie et charpente) en trois campagnes : 1985, 1986 et 1989. Restauration des statues et des vitraux en 1993.

Article révisé en 2019.