L’église Saint-Barthélémy
de Saint-Hilaire-Saint-Florent


On ne saurait parler de l’église Saint Barthélémy sans évoquer auparavant l’abbaye Saint-Florent-de-Saumur, vaste ensemble architectural où elle était intégrée et dont elle est aujourd’hui l’un des rares témoignages.


En l’an 270 de notre ère, sous l’Empereur Maximilien, Florent, un bavarois servant dans les Légions Romaines est arrêté sur le Danube et promis au martyr. 11 est miraculeusement libéré de ses liens et guidé en France pour se présenter au grand Saint Martin. Celui-ci le prépare, lui confère le sacerdoce et l’envoie christianiser la Basse Loire. C’est vers 360 qu’il gagne le Mont Glone (Saint Florent le Vieil) et s’y installe en ermite. Sa réputation de sainteté, accompagnée de miracles, attire an Mont Glone pèlerins et frères. L’Empereur Charlemagne mettant à profit la position stratégique exceptionnelle de ce lieu l’occupe au cours de ses campagnes et dote généreusement l’abbaye bénédictine .du Mont Glone, gardienne des reliques de Saint Florent.
En 866, les Normands d’Hasting s’emparent du Mont Glone. Les Moines sont contraints de fuir en Bourgogne emportant avec eux le reliquaire de leur Saint fondateur. Le danger normand écarté, les moines déposent en 956 les reliques dans l’enceinte du « castrum de Saumur » édifié par Thibault le Tricheur, comte de Biais, sur les terres données un siècle plus tôt par Charles le Chauve au père Abbé du Mont Glone. Le comte aide généreusement les moines à construire une nouvelle abbaye. Mais l’assaut lancé en 1025 par le comte d’Anjou, Foulques Nerra, a raison de ce premier monastère. Fuyant l’incendie, les moines trouvent refuge à quelques kilomètres de Saumur, sur un de leurs domaines situé près de la petite église de Saint-Hilaire-des-Grottes.
La quiétude de la rive sud, ses coteaux d’où l’on domine la confluence du Thouet et les Vallées confondues de la Vienne et de la Loire ainsi que l’existence de gués faciles à franchir expliquent alors l’engouement des moines pour ce site privilégié. Les revenus fonciers et les taxes perçus par l’intermédiaire des prieurés, des moulins et des péages font vite de Saint-Florent une abbaye riche et puissante. La construction d’un nouveau monastère, déjà entamée au XIe, est intensifiée au cours du Xlle siècle sous l’impulsion de l’abbé Mathieu de Loudun. Les travaux de l’église abbatiale sont menés à bien entre 1128 et 1159 et de nombreux bâtiments conventuels, tels la salle capitulaire, le parloir et le réfectoire sont mis en chantier. Jouxtant le logis de. l’abbé, c’est également à cette époque que l’on construit sous le vocable de Saint-Barthélémy, la chapelle de l’infirmerie destinée également aux pèlerins.

Mais la guerre de Cent Ans vient briser l’expansion de celle que l’on nomme alors « la Belle d’Anjou ». Au XVe siècle, Jean V le Vieil et louis du Bellay passent donc l’essentiel de leur « abbatial » à restaurer et fortifier les bâtiments, notamment la chapelle Saint-Bathélémy implantée sur le tracé de l’enceinte monastique.

L’épisode révolutionnaire annonce finalement le déclin irrémédiable de l’abbaye. Déclarée bien national en 1790, elle est attribuée en 1800 au sénateur Lemercier, Alors que la prestigieuse abbatiale est presque entièrement détruite (seul subsiste le narthex ou vestibule d’entrée), La chapelle Saint-Barthélémy, profitant de la fusion des bourg de Saint-Hilaire et de Saint-Florent en 1790, est sauvée de ces turpitudes. Moins imposante et donc moins coûteuse que son illustre aînée, elle devient logiquement en 1804 l’église paroissiale de la nouvelle commune.L’église Saint-Barthélémy devient l’église de Saint-Hilairë-Saint-Florent.. Saint Florent est alors le saint patron de l’église (fêté le 22 septembre).L’architecte Charles Joly-Leterme prend en charge vers 1865 les derniers travaux de restauration. Il ers profite pour agrandir l’édifice d’une travée supplémentaire et construire un nouveau clocher. Depuis 1973, l’église Saint-Barthélémy est classée Monument Historique.

Le portail d’entrée
Chapiteaux

A l’extérieur, le clocher-porche et la façade nord illustrent surtout les restaurations effectuées au XIXe siècle. Au-dessus du portail d’entrée, l’architecte diocésain a repris les éléments traditionnels de l’ornementation romane notamment les décors en losange et les modillons sculptés de figures fantastiques. Le long du mur nord et sur le chevet, on remarque également la présence de mâchicoulis (notamment des mâchicoulis sur corbeaux pour le chevet) qui témoignent encore des travaux de fortifications réalisés au début du XVe par l’abbé Jean du Bellay.
Le plan de l’église, très simple, comportait à l’origine une nef unique composée de trois travées voûtées en croisées d’ogives aboutissant à un chevet plat. Un collatéral est ensuite ajouté sur la face sud : les deux premières travées sont voûtées d’ogives avec liernes mais la dernière, à l’est, combine une simple croisée d’ogives et une voûte en fausse abside avec des trompes nervurées rappelant celles utilisées dans le narthex de l’ancienne abbatiale.


Les éléments les plus intéressants du décor sculpté sont concentrés dans la dernière travée du collatéral. Deux clefs de voûte accueillent des scènes mariales : la Vierge à l’Enfant et le Couronnement de la Vierge.
Les vitraux en place datent pour la plupart des XIXe et XXe siècles. Certains d’entre eux méritent une attention particulière puisqu’ils ont été offerts par des habitants reconnus de la commune ; ;Dans la première travée, le vitrail nord consacré à saint Louis de Gonzague et saint Bernard a été réalisé en mémoire des membres de la famille de Bodman, propriétaire du château de Saint-Florent, tués pendant la seconde guerre mondiale. Dans le collatéral sud (seconde travée) un Saint Etienne réalisé ers 1 882 par un maître-verrier angevin (Martin) évoque Etienne Bouvet-Ladubay, fondateur de l’une des Maisons de vins pétillants de Saînt-Hilaire. Dans le chœur, deux vitraux de l’église abbatiale sont présents.
Signalons enfin le bénitier en calcaire et grès du XIVe siècle et le reliquaire en bois doré du XVe siècle, tous deux inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Dans un autre reliquaire, dans le mur de la même travée, reposent les reliques de St Florent.



Document réalisé par la ville de Saunrur (Direction dq Développement en
Patrimoine) et l’abbé Bellard de la paroisse Saint-Florent l’abbaye avec le concours
de Thierry Pelloquet du service départemental de l’Inventaire.